Tout est si fragile.

"Aurevoir Mélanie."

"Aurevoir Mélanie."

Ces temps-ci je ne cesse d’y penser. J’ignore pourquoi, mais les nuits sont souvent perturbées. Je me réveille en sursaut, comme si je venais de revivre cet instant qui m’a énormément marqué.
C’était il y a 6 mois déjà, quand on y pense.
Je me rappelle encore de ce calme, de toutes ces affaires sur le pallier. Déjà, quelque chose ne tournait pas rond. Puis l’odeur. Puis la vision de ce corps sans vie. Et enfin le choc.

Inerte, j’ai même encore du mal à croire ce que j’ai vu. Cette funeste découverte fut sans doute l’événement le plus traumatisant de toute ma vie. Mes émotions basculaient entre horreur, panique et chagrin. Je me souviens encore de toutes ces questions des policiers, plus accablantes les unes que les autres. Je me souviens de cette montée de rage à cet instant précis, cette envie irrésistible de tous les envoyer balader. C’est étrange à dire, et même à écrire, mais pour eux la mort semblait être une banalité.
Alors qu’il se trouvait encore dans la pièce d’à côté, les policiers déliraient sur leurs week end, leurs parties de jambes en l’air (Oui, ils ont bien parlé de cela à un moment pareil.) et autres sujets totalement irrespectueux.

De colère, je suis sortie dans la rue, juste en bas de l’appartement. Tous les voisins se ruaient hors de chez eux, suite à la descente en masse des policiers en ambulanciers. Ils m’ont posés un milliard de questions, comme des journalistes affamés de potins et de sujets croustillants. C’était trop.

Je l’ai poussé. Cet individu me parlait trop, me posait trop de questions alors… Je l’ai poussé, les deux bras en avant et les larmes pleins les yeux. J’ignore pourquoi je me refais toute cette scène, mais c’est sans doute le plus grand élan de rage que je n’ai jamais connu. Il en est même tombé à terre. Je me suis alors penchée vers lui, l’index à deux centimètres de son visage. "Ne t’approche pas de moi. Ne pose plus de questions." Je me souviens à quel point ma main tremblait, on ne s’en rend pas forcément compte tous les jours, mais nous sommes réellement capables de choses extraordinaires quand nous nous retrouvons en situation de crise.

Ma Moitié a fait preuve d’un sang froid légendaire. Jamais je ne l’avais vu ainsi.
Jamais.

Lorsque je ferme les yeux, j’aperçois encore cette image. Son image.
Au final je n’aurais jamais le fin mot de l’histoire. Je le sais, mais j’ai eu cette envie de l’écrire. Car j’estime qu’au fond, c’est grâce à ce genre d’événement que l’on se rend compte à quel point nous tenons à nos proches.
Jamais je ne les ai serré aussi fort dans mes bras.

"Aurevoir Mélanie."
Les deux derniers mots que j’ai entendu.

PS : Merci à toi nomHeiar pour ce merveilleux film d’animation. C’est étrange, mais dans un sens j’ai trouvé qu’il avait de nombreux points communs avec mes émotions. J’ai perdu quelque chose que je ne retrouverai jamais.