L'Art de l'Hypocrisie.
"Tu as tout gagné."
J’ai fermé la porte, avec une certaine sensation de légèreté.
Je ne sais même pas par où commencer.
Elle m’a affirmé que cette semaine, en l’absence de ma Moitié, elle partirait pour éviter les conflits. Mais oui bien sûr...
Le fait de l’avoir vu partir dans ce train, m’a comme qui dirait blessé. Il m’a en quelque sorte laissé seule face à un énorme problème, dont il n’en a certainement pas conscience de la gravité. Je suis restée sur le quai, jusqu’à ce que le wagon se confonde avec l’horizon. Et encore, je suis restée bien plus longtemps.
J’ai eu la sensation d’avoir été abandonnée.
Planquée derrière mes lunettes pour cacher mes larmes, je n’ai cessé de réfléchir à une solution. Comment faire pour ne blesser personne ? Elle m’a affirmé qu’elle quitterait l’appartement ce soir-là, en raison de mon absence. Cela tombe sous le sens non ? Tu n’es pas chez toi, tu as les clefs de l’appartement et en plus tu fais ta vie ? Elle n’a pas tenu ses engagements.
Tout est parti en vrille. Elle a tout mélangé. Elle a retourné toute la situation.
D’habitude je n’aime pas écrire en détail ou même citer de noms, mais aujourd’hui j’ai besoin de tout mettre à plat.
Depuis 6 ans maintenant elle a engagé une relation avec un homme qui ne l’a jamais tiré vers le haut. Interdiction de téléphone, de sortie, ou même de compte Facebook. Elle ne sortait jamais sans lui. Les crises s’ensuivirent, puis s’envenimèrent. Il n’a cessé de l’accueillir chez lui, afin que les crises se calment. Mais cette fois était de trop.
C’était il y a un peu plus de deux semaines. Elle l’appelle, en pleurs. En soupirant, il lui a répondu "Viens..." sachant très bien qu’une nouvelle catastrophe dans leur couple venait d’éclater, et qu’une fois de plus elle n’apporterait avec elle que des problèmes.
Et depuis sa venue à l’appartement, c’est l’Enfer.
Je n’étais plus chez moi, jusqu’à aujourd’hui.
Elle a volontairement mal interprété nos propos, afin de retourner complètement le problème. "Elle est maline, elle a bien attendu qu’il s’en aille pour me virer de chez elle [...]"
Mon dieu, mais qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre.
Elle ne cherchait qu’une bonne excuse depuis plus de semaines pour retourner avec lui.
Elle ne cessait de faire des aller-retour entre chez lui et chez nous.
Elle le voyait tous les jours à la fin de son boulot.
Elle ne cessait de l’embrasser.
Elle lui parlait tous les soirs sur Skype.
Elle l’appelait sans cesse.
Elle pétait des crises d’hystérie tous les jours, en lançant son ordinateur portable au sol, puis ensuite sauter à pied joint dessus tout en hurlant des insultes. "Va te faire enculer, gros connard de mes deux ! [...]"
Elle ne cherchait aucune solution.
Cette situation lui plaisait, tout simplement. Loyer gratuit, eau gratuite, nourrie, un toit où dormir, et ma carte de bus pour aller bosser.
La vie est belle en gros !
Les mains tremblantes, j’ai failli lui sauter dessus. Je n’en suis jamais venue aux mains, mais pour la toute première fois de ma vie j’ai eu cette profonde envie de frapper quelqu’un. De la frapper pour qu’elle puisse se réveiller et comprendre ma colère.
Mon père m’a retenu. Heureusement.
J’étais venue pour une discution, au final elle a passé tout son temps au téléphone tout en rangeant ses affaires. Et maintenant elle m’accuse de ne pas lui avoir parlé. Elle m’accuse d’avoir détruit la relation avec son frère, alors que cela fait des années qu’ils sont en froid. Elle m’accuse d’avoir des problèmes de couple (Alors qu’elle a failli détruire le mien, ceci était une PETITE parenthèse.) qui durent depuis tout de même 6 ans alors que je ne la connaissait pas encore…
Je ne sais plus quoi dire tellement la situation me dépasse.
Elle a réussi. Elle a tout détruit, retourné tout le problème à son avantage. Elle a eu gain de cause. Je n’arrive toujours pas à y croire.
Et le pire dans tous cela, c’est que dès le début je n’ai pas hésité une seconde à lui tendre la main.