Tout est si fragile.

Réflexions#24

"Il y a des jours où tout bascule."

Son état d’esprit me ressemble. Mais je dois avouer qu’il m’impressionne énormément.
Durant toute sa courte existence, il en a pas mal bavé. Petit à petit j’en apprend un peu plus, et petit à petit mon respect vis-à-vis de lui augmente. Assumer autant de choses négatives, et pourtant jamais il ne baisse les bras.

J’y repense encore, et je me dis que j’ai réellement eu de la chance de le rencontrer. Même si un jour tout doit flancher, je ne l’espère pas, je pense que j’aurais tout de même compris quelque chose d’important : Ne pas se laisser abattre.

Je commence à me rendre compte qu’en fait… Mes plus grandes peurs, mes plus grands doutes, et mes plus grandes douleurs proviennent d’eux. Je ne saurais l’expliquer, mais plus le temps passe, et plus j’ai de mal à les regarder droit dans les yeux. Je ne peux plus les voir.
Je me rend compte qu’en réalité, ce sont eux les barrières.

Je repense à la fac d’Annecy.
Puis Londres,
Puis Nîmes,
Puis la Bretagne aussi.

Je repense à des tas et des tas d’événements que je n’ai pas connu, à cause d’eux. Certaines très importantes, d’autres plus futiles.
Je repense à ces longues discutions, à ces longs discours, sans aucune écoute. Ce n’était pas un dialogue, c’était un monologue. Et il en a toujours été ainsi.
Je repense à tout ce qui m’a été dit, tout ce qui m’a été craché à la figure. "Tu es l’enfant. C’est à l’enfant à comprendre ses parents, pas l’inverse."
Ou encore… "Tu me fais honte."
Ou encore… "Je ne vous supporte plus."
Ou encore… "Ne t’avise jamais de te barrer."

Plus j’y pense, et plus je m’aperçois que ce sont eux les barrières. Cette façon de penser me déplaît cruellement, je ne supporte réellement plus. "Arrête de faire ça, tu me fais honte. Tout le monde nous regarde." Tout le monde te regarde ? N’est-ce pas là ce que tu désires ?
Cette façon de parler… Cette manière de se tenir… J’ai comme un goût amer qui revient.

Ils s’imposent eux-mêmes des limites. Ils n’écoutent rien. Ils ne veulent pas changer. Ils ne veulent pas évoluer.
Ce refus de toute nouveauté me dépasse, n’est-ce pas là le but premier de la Vie ? Découvrir de nouvelles saveurs, de nouveaux horizons, cela fait peur, il est vrai, mais pourquoi ne pas aller voir plus loin ?
Et si cet individu refuse de s’y aventurer, alors qu’il ait au moins la décence de ne pas critiquer celui qui ose franchir le premier pas.

En toute sincérité, j’appréhende Noel. J’appréhende les fêtes de fin d’année. Je ne peux pas offrir quelque chose à quelqu’un qui m’a autant de fois craché dessus. C’est au-delà de mes limites.
Je pense que j’ai toujours su faire preuve d’un sang froid qui relève du légendaire. Et j’y crois dur comme fer. D’ailleurs, au fond je me demande pourquoi est-ce que je me suis fais autant marcher sur les pieds, c’est sans doute dans ma nature malheureusement…
Mais aujourd’hui j’ai une toute autre vision, je crois que j’ai enfin compris. Tu sais, tu auras beau me dire que tu ne veux pas me voir partir, tu auras beau me dire ce que bon te semble, je ne te crois plus. Tu m’as trop longtemps déçue. Puis… Tu n’es plus celle que j’ai connue. Tu as changé. Cette femme qui me hurle dessus à chaque fois qu’elle me croise, ce n’est pas toi. J’avoue ne plus te reconnaître.

J’observe le monde, j’observe mon entourage, et cela ne se passe pas du tout comme cela.
Il y a des tensions, c’est vrai, mais chacun sait faire "la part des choses" comme tu aimes si bien le dire.
Vivre ici est devenu un Enfer, depuis 3 ans maintenant. Crois moi, si mon compte avait été un peu plus "garni" il y a bien longtemps que tu n’aurais plus de mes nouvelles.
Je suis frustrée. L’argent est la seule chose qu’il me manque pour pouvoir quitter cette maison.

Voilà, je suis en train de culpabiliser. Chose que vous n’avez jamais ressenti jusqu’à présent, bien évidemment. C’est fou comme tout ne fonctionne que dans un seul et unique sens.
Je suis troublée.
Je ne passe presque jamais de temps à la "maison", et le pire c’est que cela les étonnes. J’ignore si il le font exprès ou non, mais ce comportement est des plus immatures. Et le pire, c’est que je continue de m’en prendre plein la tronche.

Je fonderai ma propre famille.
Mon mari, mes enfants, mes ami(e)s.
Je dois avouer que j’ai beaucoup de mal à accepter cela. A me dire que tout a basculé, que plus rien n’est comme avant. J’ai du mal à y croire.

Je ne vous reconnais plus.