Tout est si fragile.

"Inachevé [...]"

"Comme un goût d’inachevé [...]"

Ce soir je me dis que j’aurais sans doute dû me battre. Est-ce que ça aurait changé les choses ?

Je repense à mes clients, aux éclats de rires que nous avons partagé.
Je repense à mes créations, puis cette joie de voir qu’elles plaisaient à tout le monde et que certains venaient uniquement lorsque j’étais là.
Je repense à ces courtes nuits, où je me disais qu’il ne me restait plus que 3 heures de sommeil avant d’aller ouvrir la boutique.
Je repense à mes collègues, certaines plus complices que d’autres, et qui me manquent aujourd’hui. Ma Brigitte tout particulièrement.
Je repense aux disputes, aux pleurs, aux ras-le-bol.
Ce qui me manque essentiellement c’est cette fierté que j’éprouvais en fin de matinée, où je me disais "C’est mon chef d’œuvre."

Ce soir je regrette. Profondément.
Je pensais que cela ne m’avait pas plus affecté que cela.

Soleil, qu’aurais-tu fais à ma place ?

Ce soir je réalise que je vais devoir tout recommencer à zéro. Il va falloir à nouveau faire ses preuves. C’est sans doute une bonne chose dans un sens, un nouveau départ est toujours le bienvenue.
Mais si ça ne marchait pas ?

Mon entourage ne comprends pas vraiment ma réaction. Ils pensent que je suis tirée d’affaire, et ça s’arrête là. Mais la suite et tout aussi effrayante pour moi, c’est peut-être même pire.
D’un autre côté ils ont raison. Il fallait que ça se termine, un jour ou l’autre. Mais pas comme ça.

Pour l’heure je suis dans flou, et sans doute un peu dans le déni. Mon côté "lycéenne Carpe Diem" refait surface et je déteste ça. Je suis différente aujourd’hui, les choses ont changé et je ne peux pas me permettre de me laisser aller.

Franchir un cap est toujours difficile.